Rapport de Millésime 2024: Une année sur le fil
Le millésime 2024 a été marqué par des conditions météorologiques difficiles, comme la grêle, des gelées tardives et un printemps pluvieux, entraînant des rendements variés sur les terroirs de Domaines Paul Mas. Bien que la production soit inférieure aux attentes sur une grande partie du vignoble, certains terroirs et cépages du Languedoc ont montré une grande résilience. Face à ces défis, les équipes ont déployé leur expertise pour garantir des raisins de qualité optimale et maintenir le style caractéristique de Jean-Claude Mas en cave, sans compromis sur la qualité des vins.
DES CONDITIONS MÉTÉOROLOGIQUES DIFFICILES, POUR DES RENDEMENTS VARIÉS
Du Gard aux Pyrénées-Orientales, en passant par l’Hérault et l’Aude, les vignobles du Domaine Paul Mas ont été confrontés aux aléas climatiques avec des conséquences variées. Bien que les rendements globaux soient similaires à ceux de l’an passé, des disparités marquées apparaissent selon les cépages et les terroirs.
Au Château Oustau Saint-André, en Costières de Nîmes, plus de 600 mm de pluie sont tombés au printemps, accompagnés de froid pendant la floraison. Ces conditions ont favorisé l’apparition précoce du mildiou, entraînant une baisse moyenne de 30 % de la récolte, impactant tous les cépages. Dans l’Hérault, près de Montagnac, les vignes ont aussi reçu des précipitations abondantes dès mai, après un hiver très sec.
Dans cette région, le domaine Silène des Peyrals a montré la valeur de ses sols caillouteux, qui drainent bien l’eau et résistent mieux aux excès d’humidité. Cependant, la chaleur intense d’août a bloqué la maturation des raisins. Au Château des Crès Ricards, après un hiver aride suivi de pluies printanières, les merlots et grenaches ont été touchés par la coulure, réduisant les rendements.
Plus à l’ouest, l’Aude n’a pas été épargnée. Au Château Jérémie, une tempête de grêle en août a dévasté 90 % de la récolte sur 70 hectares. Entre Corbières et Minervois, le déficit en eau a compliqué la saison pour les vignes. Grâce à un système d’irrigation et de drainage innovant, les 154 hectares du domaine de la Ferrandière, situés dans l’étang de Marseillette, ont mieux résisté, mais la récolte y reste historiquement faible, avec moins de 7 tonnes par hectare.
Au Château Martinolles, près de Limoux, la combinaison de pluie et de froid durant la floraison a provoqué une coulure importante sur les merlots et du millerandage sur tous les cépages, réduisant les rendements de 35 %.
Enfin, dans les Pyrénées-Orientales, au Château Lauriga, le millésime est décrit comme le plus maigre en 20 ans, avec des volumes en baisse de 70 %, principalement à cause de la sécheresse persistante. Aujourd’hui, une partie du domaine est irriguée, et un projet d’irrigation est en cours pour soutenir les vignes sur ces terres arides, assurant ainsi une gestion plus durable de cette propriété historique.
UN MILLÉSIME EXIGEANT VIGILANCE ET EXPERTISE VITICOLE POUR UNE QUALITÉ INDÉNIABLE
À ce millésime capricieux, les équipes de Domaines de Paul Mas ont répondu par une volonté de fer et une réactivité à toute épreuve. Leurs efforts ont payé puisque les raisins rentrés en cave promettent déjà des vins sur l’équilibre. À la vigne, outre les nombreux traitements pour préserver la plante des maladies cryptogamiques, il a fallu travailler les sols pour aider les ceps à s’enraciner en profondeur pour aller chercher de l’eau et des sels minéraux.
Au château Jérémie, où les vignes ont été labourées six fois « la végétation est encore correcte malgré la sécheresse, point crucial pour la mise en réserve de la plante pour l’an prochain » se réjouissait le régisseur José Ramos Dos Santos début octobre. Il a également fallu s’armer de patience pour récolter à maturité. Au château des Crès Ricards, les vendanges des 40 ha ont démarré le 30 août et ont été très étalées. Coincé entre le fleuve Hérault et la rivière Lergue, il offre aux vieilles souches des sols plus profonds, plus chargés en galets. De même, les merlots sont beaux, tout comme les grenaches. Ramassés à 14,5 % vol. de degré d’alcool potentiel, ils embaument la fraise et présentent un bel équilibre.
Bilan pour Guillaume Bonnet : « si on ne connaît pas toujours les effets d’une pluie, concentration ? dilution ?, ce millésime s’avère qualitatif. Les maturités phénoliques ayant été atteintes sur tous les cépages. »
UN MILLÉSIME PROMETTEUR
De manière générale, tous louent une vendange de qualité et des jus très encourageants en cave. Fort de sa vision globale, Bastien Lalauze, responsable du développement et de l’amélioration de l’ensemble des vignobles de Domaines Paul Mas, note « un millésime prometteur en termes d’arômes et d’équilibre acide, après plusieurs millésimes très chauds. ». Parmi ce qu’il a pu goûter, il a particulièrement apprécié le viognier et le chardonnay tout en rondeurs du Château Oustau Saint-André. Ils ont été vinifiés pour la première année dans la cave flambante neuve de la propriété. Étudiée pour recevoir tous les raisins, la cuverie, en béton pour les rouges et en inox pour les blancs, sera complétée d’un chai de 150m2 équipé de cuves bois tronconiques pour l’élevage des rouges et la vinification de certains blancs.
Au domaine de la Ferrandière, José Ramos Dos Santos promet lui aussi « un bon millésime ». Les raisins blancs, qui représentent 62 % de la production, « ont tous été vendangés aux degrés souhaités ». Bastien Lalauze encense les sauvignons plantés dans l’étang de Marseillette : « sans exubérance excessive, ils développent une palette aromatique explosive, sur les agrumes et les fruits exotiques. » Les rouges, eux, sont concentrés. Les ceps ont ici joui pleinement de leur terroir : la dépression de l’ancien étang favorise de grandes variations de températures, par rapport aux vignes qui se trouvent sur le coteau d’une part, entre le jour et la nuit d’autre part.
Au Château Martinolles également il a fallu attendre pour ne récolter que des raisins à parfaite maturité. Mission accomplie le 4 octobre, date à laquelle la dernière parcelle de cabernet sauvignon a été vendangée autour d’un degré d’alcool potentiel de 14,5 % vol. Enfin, au Château Lauriga, les maturités phénoliques ont ici aussi été étalées. Les vendanges, commencées le 18 août, ont pris fin le 23 septembre. Jules Trabis préfigure comme ses collègues le meilleur pour le millésime 2024 : « les raisins récoltés étaient sains et de qualité, les baies concentrées. Tout est bon ! »