Le Château Martinolles jouxte l’abbaye de Saint Hilaire là où fût découvert en 1531 le principe d’élaboration des vins effervescents. Entretien avec Bastien Lalauze, responsable du domaine, sur son métier, les divers aspects des vins biologiques et les particularités et atouts du Château Martinolles.
Le Château Martinolles en question :
Quels sont les points forts du domaine ?
Son principal atout ce sont les femmes et les hommes qui travaillent depuis la vigne jusqu’aux expéditions en passant par la cave de vinification, tout le processus d’élaboration de nos vins tranquilles et méthodes traditionnelles, une équipe passionnée par la viticulture et le travail du vin.
Depuis quelques années, nous nous sommes équipés d’outils fonctionnels, à la pointe de ce qui se fait dans le secteur viti-vinicole : dégorgeuse Perrier, interceps Clemens, pulvérisateur avec régulateur de débit, etc… La cave a été entièrement rénovée il y a deux ans, ce fût l’occasion de passer des cuves émaillées à des cuves inox thermo-régulées permettant un contrôle pointu et précis de notre outil de production.
Quelles sont les qualités du vignoble ?
Sans aucun doute, la diversité des terroirs, avec des bas-fonds riches en argile pour la fraîcheur et des terres argilo calcaire à chardonnay gras et opulents. Martinolles est un écrin, un site protégé où on laisse s’exprimer le terroir de Limoux. Il est synonyme d’équilibre, de fraîcheur et de fruits grâce aux belles amplitudes thermiques qui permettent une maturité lente de nos cépages emblématiques, Chardonnay, Pinot noir, Mauzac. (il suffit de goutter les cerises ou les pommes du jardin du Domaine pour encore mieux comprendre…).
Quel est le style des vins du domaine ?
Je dirais qu’il y a une certaine vivacité dans les vins de Martinolles. Une belle complexité de fruits tropicaux agrémentée de notes d’agrumes mais aussi de notes florales. C’est une trame que l’on retrouve sur l’ensemble de la gamme des blancs, des bulles au Limoux blanc. Le Pinot quant à lui exprime à merveille des notes de griotte et d’épice tout en offrant en bouche l’opulence des raisins bien murs. Ils sont le fruit des exigences des Domaines Paul Mas : ne pas laisser de place au hasard, essayer d’innover, être à l’avant-garde.
Quelle est votre impression du millésime 2016 ?
Le millésime 2016 est un millésime qui a mis du temps à se dévoiler. Si en fin de vinification, les vins étaient un peu fermés, au fil du temps ils se sont dévoilés pour devenir de plus en plus aromatiques et amples.
Comment expliquez-vous la qualité et la notoriété de vos vins ?
Si les profils de nos vins plaisent au dégustateur, c’est parce qu’ils ne sont pas maquillés. Ils sont l’expression des équilibres du terroir. Nous cherchons à exprimer beaucoup de richesse et de longueurs en bouche. Pour ce faire, nous sommes vigilants de la réception des raisins jusqu’à la mise en bouteille ou au dégorgement pour les vins effervescents. Pour moi, la plus belle récompense de l’année, est la médaille d’or obtenue pour le château Martinolles Crémant de Limoux Blanc au concours national des crémants. C’est un jury de producteurs de crémants venus de toute la France et les médailles d’or ne sont pas distribuées facilement.
Quelle est votre cuvée préférée du domaine ?
Astelia Crémant Blanc. C’est un crémant d’une grande richesse avec des notes de fleurs blanches et quelques notes de pain grillé.
Les raisons de la démarche de l’agriculture biologique
En quelques mots, pourquoi faire du vin bio ?
Je pense que l’agriculture biologique répond à notre philosophie de faire des vins toujours meilleurs en harmonie avec leur environnement. Lorsque nous produisons du vin, nous sommes les interprètes d’un terroir et il est important de le respecter au mieux.
La viticulture biologique n’utilise pas de produits chimiques issus de synthèse mais uniquement des éléments naturels comme le cuivre, le souffre, les huiles essentielles. Ce sont des produits dits de contact, c’est à dire qui ne pénètrent pas dans la plante, ils sont actif moins longtemps que les produits de synthèse. Cela demande une plus grande vigilance car il n’existe pas de produit curatif. Nous devons veiller à faire des traitements préventifs en étant plus vigilants sur la présence de symptômes, mais aussi sur les conditions météo au moment de l’observation et sur les jours à venir pour ne pas tomber dans un excès inverse.
Notre climat languedocien est propice à l’agriculture biologique car il est sec et venté ce qui diminue la pression des maladies comme le mildiou et l’oïdium.
Quelles sont les qualités des vins bio ?
Ce sont souvent des vins équilibrés et riches. Nous remarquons sur le terroir limouxin que nos parcelles cultivées en agriculture biologique ont des rendements plus stable au cours des années et sont moins impactées par l’effet millésime.
Quelles sont les grandes évolutions qui vous ont marquées ces dernières années dans le vignoble ?
La fin des épamprages chimiques et le retour à des engrais organiques qui favorisent un vrai travail de dynamisation de la vie dans le sol.
Le vin élément essentiel du tourisme en terroir de Limoux.
Vos incontournables pour gouter aux plaisirs de la région ?
Une visite de la cité de Carcassonne, un repas sur une péniche en naviguant sur le canal du midi, la visite de l’abbaye de Saint Hilaire lieu de naissance des vins effervescents et pour finir une soirée inoubliable pendant le carnaval de Limoux.
Pour manger, je conseille Chez Tantine et Tonton à Limoux ou dans un style totalement différent la Taverne à Bacchus à Pieusse et pour dormir, la Monèze basse à Malras c’est une magnifique chambre d’hôtes.
Et bien entendu, toute l’année, au caveau du domaine, nous proposons une dégustation de nos bulles (blanquette, crémant blanc, crémant rosé et méthode ancestrale).
Et vous Bastien ?
Qu’est-ce qui vous rend heureux dans ce métier ?
La diversité des tâches. De la vigne à la commercialisation en passant par la vinification. Cette diversité est une vraie richesse. Je me sens vrai vigneron. J’aime l’idée de produire les meilleurs raisins pour réaliser les meilleures bases pour les meilleurs vins. J’aime aussi le travail d’équipe et le contact avec les importateurs, les journalistes et les consommateurs qui permet d’avoir un retour concret sur notre travail.
Pourquoi avoir choisi de travailler dans le monde du vin ?
Je ne suis pas issu d’une famille de vigneron mais c’est un secteur qui m’a toujours plus. J’aime cette idée de créer et que chaque année soit différente des précédentes.
Quelles sont les qualités pour faire du bon vin, pour bien faire son métier ?
Je crois qu’il faut être à l’écoute des gens qui sont à la vigne tous les jours, aux personnes qui dégustent les vins et aussi à ceux qui sont en cave ou sur la ligne d’embouteillage. Ne rien définir comme acquis et ne pas vouloir tout révolutionner.